Rêves

[Mériam]

- Moiiiiiiiiiiiiiiiiiiii...
- Mériam, Mériam réveilles-toi, c'était un cauchamard, réveilles-toi


J'ouvre les yeux et pendant un instant, je ne comprends rien de ce qu'elle dit, de qui est cette femme souriante et inquiète qui me sourit, rien de l'endroit où je me trouve.
Où suis-je ?

- Ma petite colombe tu es là ?
Regardes moi, ce n'est rien, juste un cauchemard, regardes moi Mériam !


Un cauchemard me dis-je ?
Non non, ce n'était pas cela... Un rêve, un rêve tellement étrange !
Oui, un rêve si étrange... J'aimerais pouvoir le conserver intact, mais je sens qu'il m'échappe déjà...
ALors que ma réalité reprend ses droits, je reconnais la pièce où je me trouve -ma chambre chez Grand-Ma- le bruit des vagues sur la plage, si familière l'odeur d'embruns...
Tout ce qui est ma réalité et qui me paraît, en cet instant être un rêve, une illusion, tant mon rêve lui, brille dans mon esprit.

Je me trouvais ailleurs, dans une autre contrée, une autre maison....
Une cuisine où une très belle femme aux yeux verts m'appellait "ma chérie"...
Cette femme est ma mère !
TOut me semble étrange maintenant, pourtant toute cette étrangeté n'était que familière dans mon rêve : comme cet homme silencieux dans l'autre pièce -mon père- qui semblait captivé par une case lumineuse où un barde sans instrument, ni musique semblait donner les histoires du Royaume...
Il faisait d'ailleurs apparaître ces autres contrées à volonté semble-t-il !
De la lumière vive partout sans magie, sortant de petits globes que ma mère semblait allumer et éteindre selon ses besoins... de la musique sans barde cette fois venant d'une toute petite boite...

C'était confortable, chaud, terriblement familier, réel... C'était chez moi !
Je vivais une vie faite d'école et de jeux, où la guerre n'existait pas et n'emmenait pas les frères sans espoir de retour, une vie où je n'étais pas destinée depuis ma naissance à servir la Voie de la Nature.

Un peu plus loin, une autre petite fille assise comme moi... Elle doit avoir mon âge... Brune, de grand yeux bleus qui illuminent son visage où je ne vois aucun tatouage...
Elle semble s'ennuyer... Alors je me lève pour aller la voir et elle fait de même... Elle me sourit... Je lève la main pour lui faire signe et elle lève...

OH... Oh Sainte Mère oh mais c'est ... MOiiiiiiiiiiiii


- Ce n'est rien chantonne Grand-Ma... Recouches-toi, voilà c'est bien... Fermes les yeux, tu vas te rendormir... chuuuut... voilà c'est ça, c'est bien ...

Grand-Ma sort tout doucement de ma chambre. Maman l'attend dans l'encadrement de la porte, elle a l'air hagard...
Elles chuchottent

- Tous les soirs maintenant !
- Oui, je sais Saraï dit Grand-Ma....
Mais elle est la plus sensible et la disparition de Mélio l'a plus affecté qu'il n'y paraît.
Viens ma fille, retournons dormir, ne t'inquiete pas, cela passera...


Le sommeil m'enveloppe à nouveau et je me laisse glisser... Une autre contrée, une autre maison.... Une autre moi.