La Rencontre.

[Ajalon]

Et le vent soufflait sur la plaine portant en son sein les gémissements de douleurs et les râles rauques de ceux qui agonisaient.

Alors le protecteur se demanda où était l'héroïsme, où était l'enthousiasme de ses jeunes années. Où était elle... Elle la seule qui pouvait justifier son existance. Est ce celà qu'elle avait voulue... La mort et le sang...

Fatigué, le protecteur en arriva à penser qu'il n'y avait aucune gloire dans cette bataille, aucun honneur, juste l'immense gâchi de ces vies fauchées avant d'avoir pus s'épanouir.

Alors il ferma les yeux et son esprit prit la forme d'un faucon majestueux qui s'élança vers les cîmes du monde. Libre de toutes attaches, il repensa à elle, a leurs jeunes années, à leurs rires et à leurs jeux. Il laissa son esprit flotter sur la mélodie du temps. Il se rappela le soleil déclinant sur les berges tièdes et le miroir brillant du grand lac d'Innis. Il songea avec fièreté à la robe magnifique et noir des pookas. Il regarda ses compagnons blessés, oui il était vieux, oui il était fatigué et sans doute que le moment de se reposer viendrait bientôt. Et face à l'ennemi, il se leva, dressé comme un prince des temps anciens. Il regardait Aladore, Tower, ses frères MS, Sableblanc, Sourcelune et son frère Karolis à l'âme si triste.

Il respira l'air glacial mais son coeur était léger, tant qu'il y aurait du danger, il y aurait des hommes et des femmes qui se dresseraient comme lui face à l'ennemi. Tant qu'il faudrait brandir des armes il y aurait des guerriers, tant qu'il faudrait défendre, il y aurait des protecteurs.

Il lança un dernier regard en direction des plaines glaciales, à la prochaine bataille, il serait là, pour elle, pour le royaume, pour sa famille.


Ajalon, le faucon aux ailes azurées.

[Aladore]

Le ruisseau coule paisiblement vers l'océan. Il est tôt, mais la vie animale a déjà investit les lieux comme terrain de jeu.
Des petits lapins gambadent autour des boites aux lettres, les oiseaux entament en coeur un chant perçant et une biche approche de l'eau pour se desalterer.

Le village est extraordinairement calme. Absinthia n'a pas dormie dehors, elle ne chante pas pour reveiller tout le monde. Non, c'est calme.
Une dizaine de maisons plus ou moins grandes se regardent, toutes autour du petit ruisseau. L'herbe est belle, verte, le coin fleurit, acceuillant.

- "Ouuaaaaaah !"

Je baille et m'étire tout en franchissant le pas de la porte. Il fait beau. Habillé en circonstance, pyjama a raillures bleues et toge verte et jaune, je sors tranquillement sans craintes que l'on m'aperçoive dans cet acoutrement.
Le soleil a rechauffé l'herbe, je m'assoit dos a un Pommier. Tout le monde dors, mais pas moi. J'ai tellement de plaisir a venir ici quand personne ne s'affaire dans le village ...
Je me frotte le dos contre l'arbre, une cicatrice qui guérit me gratte affreusement.

Une colonie de Fourmies, elle ne dors plus. Je vois des Guerrières, des Récolteuses, des Nourricières portant trois fois leurs poids. Tout ça pour leur Reine, je pense soudainement a notre Firbolg aux cheveux verts qui n'a pas droit a tout ses égards. Je souris. Une journée qui s'annonce bien.

Le temps est tellement clément et le duvet d'herbe tellement confortable, que je m'endors a nouveau ... La berceuse du ruisseau en musique de fond.

- "Aladore. Reveilles toi."

Je connais cette voix, douce comme du miel. Ambrée aussi.
J'émerge difficilement de mon sommeil, j'ouvre les yeux.
Helenna.
J'ai le soleil dans les yeux mais je la distingue, c'est bien elle. Elle est penchée sur moi et je devine son visage et ses formes généreuses, a contrejour.
Helenna.
Elle est belle comme un Ange. Une apparition.
Je me relève subitement et m'assied. Elle a les yeux clairs et la peau légèrement mate, ses cheveux blondis par le soleil, flottent au gré de la petite vaguelette de vent qui accompagne mon reveil soudain.
Elle est simplement, mais somptueusement habillée, une Robe verte envellope sa jolie poitrine, serre sur son bassin pour finir sur ses longues jambes.

Je rougît, une impression que tout le sang de mon corps se concentre dans mes joues. J'ai la poitrine qui va exploser. Quelle sensation bizarre ! Je me serais battu contre le Diable, je n'aurais pas été plus intimidé que maintenant.
La tuile, je bégaye.

- "Je ... Euh ... Bonjour, Helenna." sortais-je, penaud.
- "Soirée mouvementée non ?" fit-elle, amusée.
- "Euuh, légèrement."

J'avais dormi dans mon lit mais je passais déjà pour un fetârd fini, il aurait plus manqué qu'Absinthia endormie a côté de moi, une chope a la main, pour parachever le tableau.

- "Tiens, prends ça"

J'accepte le pain chaud et elle s'assied à mes côtés.

[Absinthia]

<Adooôore les histoires et écoute attentivement Aladore. Passe régulièrement une main sur son boubou, partagée entre l'envie d'écouter encore et celle de filer découper et assommer quelques monstres.>

<Ouvre de grands yeux et bondit soudain sur ses pieds> Ohéééééeeee ! Mais ! chui pas comme ça, hein, m'arrive de cuver un chouia moui... bon d'oki... un peu beaucoup.... Mais j'dors pas à côté de n'importe qui !

J'ai jamais partagé un oreiller avec un autre que mon Nylou <a les yeux indignés qui flamboient autant que ses cheveux>, non mais ! Pis toute façon... ton lit, l'est trop loin de la réserve de tonneaux <rigole, perdant sa colère aussi vite qu'elle est venue>.

<Se réinstalle> Allez... <bougonne>... continue, tu racontes pas trop mal, pour un guerrier maigrichon.

<Ronchonne encore tout bas> J'ai une réputation, moi, non mais....

[Aladore]

<S'arrête de raconter et se lève>

Oui nan mais Abs, je dis juste qu'on a l'habitude de prendre des belles cuites, c'est tout ! Et quand je dis dormir a côté, ça n'a rien de tendancieux, j'dis juste qu'on s'endors un peu partout. Enfin, surtout toi, moi je surveille.
Et si t'avais bien écoutée, t'aurais vu que j'ai dormi dans mon lit et ensuite, dehors au ptit matin.

Et je suis pas maigrichon. Grumblgrumblgrumblgrumblgrumbl

[Aladore]

[Aladore]

Les jours passaient et ne se ressemblaient pas, nous apprenions a nous connaitre plus avec le temps. Je ne me reconnaissais pas.
Une tendresse énorme était née en moi et je ne savais la contenir, Helenna recoltait le fruit d'années passées sans sentiment autre que la Haine.
Après toutes ses années, je redecouvrais des joies simples, des joies que j'avais oublié depuis bien longtemps.
Oh certes, j'avais eu des maitresses a profusion, les plaisirs charnels ne m'étaient pas inconnus mais ... Aucune n'avait su me donner autant d'affection qu'Helenna.

Depuis notre "vraie" rencontre, un matin de beau temps, nous ne nous étions plus quittés. Je négligeais les entrainements pour passer mon temps ... Avec elle. J'oubliais ce que j'étais, grâce a elle. La "bête féroce" était devenu un ... Lapin.
Je n'avais plus envie de me battre, plus envie de rien faire que de l'avoir dans mes bras et passer du bon temps.

Il fait beau. J'aime cette chaleur ... J'ai fait éxprès de me reveiller en avance, je vais apporter le petit dejeuner à Helenna. Je m'habille, hop, je me passe un coup d'eau sur le visage, je suis dehors courrant a en faire tomber mes jambes, j'éspère qu'elle n'est pas encore reveillée !

Pff, je suis déjà essouflé mais je redouble d'effort pour finir a Torrylin, devant la maison de ma Princesse. Je vérifie que j'ai tout, Beurre, Pain frais, cacao et Fleurs.

J'ouvre la porte d'entrée et je me faufile vers les escaliers, je sais qu'ils craquent a la moindre pression et je cherche un stratagème pour monter en douceur. J'y vais.

<Cric>
<Crac>

Je grimace comme pour essayer de faire taire les marches mais elles ne m'écoutent pas.
J'entre finalement dans la chambre, sur d'avoir réussi enfin mon effet. L'odeur d'Helenna parfume la pièce et je respire à grande bouffées comme pour tout aspirer et ne rien laisser.
Je ne distingue pas la Belle, enfouie sous ses couvertures et j'approche furtivement du lit.

- "Yaaaaaah !!"

On m'a prit par surprise, par derrière, quelqu'un est sur mon dos ! Je me calme soudain, je sens une armée de baisers se poser dans mon cou. Les longs cheveux bruns de l'aggresseur frôlent mes joues, je respire une odeur enivrante. Elle s'étreint contre moi et j'entend sa petite voix dans mon cou.

- "Je t'ai bien eu hein Roméo?"

Elle affichait un sourire radieux, je souriais aussi, levant les yeux au ciel.