Il se conte des histoires et légendes perdues, des ballades et anthèmes à tout bon celte, firbolg et sylvan ayant foulé le sol hibernien, et mettant de côté les millénaires de querelles, l'on retrouve maintenant des contes de preux elfes et vaillants lurikeens. Mais de par la discorde ayant regné entre ces peuples, depuis l'élévation du Voile de la Breche et jusqu'au triste désastre advenu au palais de Marrach Briollag, ultime image du schisme des peuples, les celtes et firbolgs de la profession bardique se sont bien tenus de répéter les prouesses de leurs compatriotes contestés pendant des années, perpétrant seulement ces légendes au sein de la profession, secrêtement, car il est de leur devoir de garder mémoire de nos vies.
L'apparition de la reine Shar ayant boulversé les moeurs, l'on conte maintenant de plus en plus les exploits elfes et les ballades lurikeen afin de reforger l'ancienne alliance - certes voltaile - pour garder une cohérence face à l'incertaine alliance du peuple du fond du monde. C'est ainsi que l'on découvrit l'épopée des Seize de L'Au-Delà , l'une des plus anciennes sororité lurikeen que l'on connaisse. Leur histoire est tragique, leur destin fut scellé par l'infamie du Nord, mais leur exemple se doit de toujours vivre parmi les hiberniens!
Il fut jadis un petit village oublié des elfes, Croniaa, situé entre Siopa et Alainn Bin, terres de marécages de Cullen. Les quatre huttes qui formaient la communauté furent la demeure de lurikeens exilés par leur peuple, pour avoir lâchement abandonné le combat lors d'un incursion midgardienne sur les terres de Crauchan, et s'être repliés sur le bastion même de Druim Ligen! Les petits hommes furent donc contraints de se retirer vivre dans les terres stériles et le climat désolé, afin de laver leur honneur.
L'on parle beaucoup de la traîtrise de la Reine Cliodna et de l'établissement de son domaine dans les terres de Cullen, de sa corruption des Elfes et de l'armée Siabra qui s'introduisit là -bas, mais on oublie toujours de citer que ces mêmes forces, rencontrant les lurikeen exilés, égorgèrent sans merci les hommes du village, croyant à un avant-poste audacieusement établi. Les onze femmes lurikeen, ainsi que cinq jeunes filles, furent épargnées, étant jugées incapables de porter les armes. Elles durent néanmoins s'effacer à nouveau, et traversèrent de nuit et à pied tout le royaume, en plusieurs mois, à la recherche d'une nouvelle prison.
En deux années de dur labeur à tenter d'éviter les gardes et mercenaires hiberniens, à vivre souvent aux abords mêmes de villes fortement peuplées, les lurikeen s'approprièrent la dextérité et la vigilance des maitres rôdeurs, passant inaperçues souvent, afin de dérober quelques restes jetés aux loups de lough en pâture à l'entrée des villages afin de subsister.
La plus jeune des onze femmes adultes mit au monde la fille qu'elle portait en elle, lors du chemin initial de l'exil, et fut contrainte de l'abandonner aux mains d'un gardien firbolg pour cacher son identité et sauver ses consoeurs, prétextant avoir sauvé l'enfant des siabras (et ainsi écartant tout soupçon des femmes en voyage, les Exilés ne pouvant être de bon coeur selon la rumeur).
Après une vadrouille inarrêtée de plus de trois années, après avoir chassé tous bestiaux et ramassé tous restes pour sirvivre, après avoir déjoué leurs propres compatriotes pour esquiver leur courroux, les seize aventurières malgré elles se retrouvèrent finalement dans les montagnes de Collory, et y furent tolérées par les gardes suprêmes des reliques tout bonnement car la légende des lurikeen poussant un cri de désespoir audible à des miles à la ronde lors de leur mort fit penser aux gardes que leur présence ne peut pas nuire à leur tâche de préserver les Armes Suprêmes de Dun Lamfotah.
C'est alors qu'une bande de pillards kobolds débarqua en leur absence et saccagea le campement, déclenchant une colère des seize femmes pour avoir détruit leur fragile vie si bien sauvée jusque là , et pour avoir profané si profondément les terres de ce qui fut jadis la contrée les acueillant à bras ouverts. Elles se jurèrent alors, afin de laver la tache qui salit leur honneur, et de venger cette agression, de pourchasser jusque chez eux les kobolds et leurs alliés, eux qui jadis sous leur charge écrasante contrainrent leurs ancêtres à se replier afin de sonner l'alerte à Druim Ligen, même si les chefs de guerre de l'époque le virent d'un oeil différent.
Usant au mieux de leurs tactiques et de leur habileté dont elles ont subsisté si longuement, elles choisirent pour de bon la vie nomade, se jurant de parcourir les terres mêmes du peuple midgardien et d'y vivre afin de chasser l'ennemi chez lui.
Leur bravoure redoublait chaque jour, et bientôt la technique de chasse employée contre les petites patrouilles, consistant à leur fondre dessus dans l'ombre, tranchant leurs artères d'un simple coup de lame, ne suffit plus à calmer leur soif de vengeance et de rédemption. Tandis que les unes s'adonnaient aux arts des lames, d'autres mirent l'accent sur l'archerie, et bientôt elles développèrent une technique particulière consistant à leurrer l'ennemi en un piège sournois et létal: usant de leurs dons de furtivité surnaturelle, les quinze doyennes formèrent un cerlce à un croisement de chemins évident, un vaste cercle engloban les différentes voies possibles, positionnant les archères à l'extérieur, et les maitresses de lames à l'intérieur de celui ci. La seizième guerrière, une adepte de l'arc également, avait le rôle du leurre, on la surnommait d'ailleurs Le Moustique, seravnt à piquer les trolls et kobolds d'une flèche évidente, telle une débutante zèlée, puis fuyant maladroitement vers le piège fourbe. Elle s'y dissimula en vitesse et à l'arrivée de la troupe midgardienne, les ennemis furent perplexes quant au chemin pris par la jeune audacieuse. c'est alors que la troupe se révéla, les arcs en joue et les lames au garrot de l'ennemi, extorquant des informations cruciales en leur faisant croire au salut ultime, puis exécutant les piégés froidement!
Les informations ainsi obtenues furent transmises au moyen de missives d'origine douteuse aux érudits de Tir Na Nog grâce à un garde peu malin qui succomba au charme d'une des lurikeen, et bien que les dirigeants le virent d'un oeil douteux, le message fut de plus en plus souvent accepté tel quel vu son incroyable exactitude vis à vis des tactiques ennemies.
Bientôt les rangers et ombres assermentés qui patrouillaient les terres du nord se contaient entre eux l'apparition soudaine de seize petites femmes qui extorquaient les plans de bataille ennemis, puis anéantissaient les prisonniers avant de disparaitre pour une durée inconnue. Mais leurs maîtres leur interdirent toute prolifération de telles histoires qui ne feraient que nuire à l'image de la véritable armée hibernienne, la légende ne vit donc que parmi les initiés.
Un beau jour les seize lurikeen disparurent pour de bon, sans aucune nouvelle ni aux rôdeurs assermentés, ni au garde chargé des messages.
S'en suivit une vaillance accrue des midgardiens, qui après maintes chasses aux "petites tueuses" comme décrites par un chasseur ayant observé un massacre, avaient déformé l'histoire de leur disparition en l'acte de grands maitres assassins. La contre-attaque fut rude, les défenses du royaume hibernien enfoncées jusque Dun Dagda, et le Chaudron de Pouvoir allait passer en mains ennemies, affaiblissant encore la magie hibernienne qui souffrait déjà pour sa survie. Une horde inouïe de trolls et de nains s'empara de l'artefact antique et se dirigeait déjà vers les fortifications proches de Vindsaul Faste afin de sécuriser ce qui causerait la chute du royaume celtique quand les seize filles jaillirent et la torpeur raidit l'expédition de guerre midgardienne. Ils étaient une centaine, elles étaient seize, mais tenaient en joue les officiers les plus importants, amassés autour de la relique magique. L'air se figea et le chant de mort des corbeaux cessa instantanément. Même le ronronnement respiratoire des géants troll se tut. C'est alors que la lame des neuf ombres rénégates trancha dans les viscères des cinq haut généraux des Nordiques et des porteurs du Chaudron, et que les flèches des sept archères fendirent le cou des maîtres mages escortant la prise de guerre. Les nains et kobolds survivants (ils étaient une bonne centaine tout au moins) furent glacés de torpeur lorsque leurs chefs et leurs mentors s'affalaient au sol, inanimés et dans une tache rougeâtre s'agrandissant. Les femmes guerrières en profitères pour se volatiliser, laissant les ennemis dans leur incompréhension totale, pour passer dans les rangs des assaillants et continuer le massacre. A peine une minute après la chute des généraux, les troupes cherchaient déjà à venger leur perte, mais dans le chaos qui prit la place des chefs déchus, les shamans ne purent invoquer le pardon de leurs dieux corrompus pour raviver les chefs, et les femmes héroïques, le "petites tueuses" tant redoutées, furent achevées tandis qu'elles tentaient de neutraliser le plus de guerriers possibles.
C'est alors que la contre-attaque hibernienne arriva, trouvant le Chaudron à terre et les chefs ennemis en sang, les troupes éparpillées en train de tuer on ne sait trop quoi. Leur tâche fut facile, et ils sécurisèrent leur relique, prirent les blessés avec eux, et s'évanouirent dans la nature en direction du royaume celtique sans même prendre garde de ne pas piétiner les corps encore tièdes des Seize Lurikeen.
C'est le même chasseur midgardien qui rapporta en premier lieu l'exitence des femmes vengeuses à son peuple qui fit part à un vieux barde ivre, lors d'une délégation de messagers kobolds à Tir Na Nog afin de tenter en vain un accord territorial, de l'histoire de la fin des Seize, et c'est après de nombreuses années de recherche, de questions vaines posées à tous gardes et rôdeurs, que leur vie fut reconstituée afin que leur mémoire persiste, mais leur honneur n'est toujours pas rétabli et leur sacrifice est passé inaperçu. Il n'est ainsi pas d'acte de bravoure qui soit inutile, et même en pourchassant une cause impossible, même en accomplissant l'inaccomplissable, l'on peut passer inaperçu, et ce n'est la grandeur de nos motivations, mais la foi et la force qui nous poussent à sauver notre peuple et notre royaume malgré qu'il nous ait rejeté, malaimé et banni, qui fait survivre les peuples d'hibernia! Et même cette histoire longtemps tue n'a pu ressurgir que par une autre peur, celle de la duplicité shar, afin de réunir les peuples séparés pour ne pas être trompés de l'intérieur - et non pour enfin laver l'honneur de ces exilés qui ne firent que le moins pire des deux décisions initialement. Les Seize de L'Au-Delà nous rappellent donc que malgré la fragilité de notre coexistance, nous devons nous élever au dessus des querelles anciennes, car l'ennemi est aussi et surtout à nos portes, et nous ne faisons que l'aider en disloquant notre unité par des rixes vieilles et oubliées!