par Volna » Mar 04 Jan 2005, 0:56
Le soleil décline déjà à l'horizon. J'ai dormi toute la journée. Je ne me sens pas reposé pour autant mais je serais incapable de dormir plus. Aelerogh n'est pas encore rentré, peut être est il en train de s'occuper d'un client de dernière minute, de rempir une corvée ou tout simplement de discuter avec Sarff. Je le lui souhaite. Je l'ai enfin rencontrée, l'autre jour sur la place. Elle m'a salué vivement d'un air enjoué en me gratifiant d'un grand sourire.
Cette jeune firbolg m'a l'air pleine de vie. C'est elle qui a pris la place de tadhg à la forge. Elle a les épaules larges et les mains assez grandes pour me couvrir la tête d'une oreille à l'autre. On dit que l'amour rend aveugle, c'est peut être le cas mais elle me semble pleine d'une immense générosité et je suis convaincu, sans vraiment savoir pourquoi, qu'elle est capable de rendre un homme bien plus heureux que toutes les jouvencelles pomponnées de Tir Na Nog.
Je ravive le feu, jette ma couverture sur mes épaules, m'installe à la table et empoigne ma plume. Dehors, les bruits du village commencent à s'estomper, la nuit tombe et les gens rentrent chez eux. Cette bourgade est tranquille. Bien plus tranquille que ne l'était Alain Bin. Oh oui, bien plus tranquille, et bien plus sûre.
Nous quittâme Connla au début de l'été avec pour tout bagage une charrette contenant nos maigres possessions et quatres chevaux magnifiques. Je voyageais dans la cariole avec ma mère. L'un des chevaux la tirait et nous en trainions deux autres à l'attache. Mon père chevauchait le quatrième et partait en avant préparer nos haltes pour la nuits.
Nous dormîment la première fois à Ceannai, petit hameau de marchands à mi-chemin d'Innis Carthaig. Nous y reçûmes bon accueil même si les habitants n'avaient rien de plus à nous offrir qu'un gruau épais et un sommeil enroulés dans des couvertures sous notre charette. Cependant, la sécurité de leur présence sembla suffir amplement à mes parents.
Nous reprîmes la route le lendemain à l'aube et nous dûmes passer une nouvelle nuit à la belle étoile avant d'atteindre Innis Carthaig. Nous pûmes cependant jouir de la compagnie d'un vieil hermite qui nous offrit le couvert mais il se trouve que, devant la maigreur de son repas, nous lui offrîmes une bonne partie de nos provisions.
-Ce n'est pas grave, disait mon père devant ses tentatives de poli refus, nous pourrons nous approvisionner en ville dès demain.
Il nous fit découvrir ses talents culinaire dont je ne garde, je dois bien l'avouer, aucun souvenir. Ce dont je me souviens bien, c'est des histoires dont il nous gratifia. Elles portaient toutes sur des être étranges et maléfiques qu'il nommait les Siabras. A cette époque je ne savais pas de quoi il s'agissait mais je surpris bien des regards inquiets qu'échangeaient mes parents. Nous le quittâmes à l'aube et atteignîmes le bourg vers la mi-di.
Innis Carthaig était un modeste village à peine plus grand que Connla, niché au bord d'un lac. Nous y fîmes halte jusqu'au lendemain. Mon père regarnit nos réserves de nourriture pendant que ma mère et moi nous occupions de prendre une chambre à l'auberge. Mes yeux d'enfants avaient été frappés à cette époque par la garde municipale. Ici les hommes du guet étaient bien plus nombreux qu'à Connla. Malgré la taille réduite de la ville, ils étaient très biens équipés et ne comptaient que des vétérants dans leurs rangs. Leur vigilence de tous les instants ne faisait qu'inquièter davantage ma mère.
L'odeur nauséabonde du marais de Culem y était présente mais pas frappante. Comme un bruit de fond auquel il est aisé de ne pas prêter attention. Mais ce n'est que le lendemain que je ne pris vraiment la mesure de ce qui nous attendait. Partis depuis l'aube, nous nous engageâmes dans les marais que dans l'après midi. Il nous était assez aisé de trouver une route ferme au milieu de la fange mais les nombreux changement de direction qui nous assuraient de ne pas nous enliser étaient exténuants. Mon père ne battait plus la campagne devant nous. Il restait à côté de la charette, l'épée qu'il avait acheté a Innis Carthaig tirée du foureau et posée en travers de sa selle. Même lorsqu'il mettait pied à terre pour guider notre cheval par la bride il ne s'en départissait pas. L'arme en main, il laissait reposer la lame sur son épaule d'un air faussement désinvolte.
Nous atteignîme Alain Bin bien après la nuit tombée. Mes parents avaient cathégoriquement refusé de faire halte dans le marais. L'air était étouffant et la moite chaleur insuportable. Les moustiques et la vermine y étaient omniprésents et le calme inexistant. Les cri des créatures étranges peuplaient mes journées et le bruit des crapauds hantaient mes nuits. Les colons arrivés quelques années avant nous avaient l'air d'être deux fois plus agés qu'ils ne l'étaient réellement et étaient tous normes et apatiques comme s'ils avaient perdu tout gout à la vie.
J'étais le seul enfant du village et je m'ennuyais fortement. Non seulement je n'avais personne avec qui jouer mais en plus il m'était interdit de m'éloigner du hameau car le marais était extrèmement dangereux. Je passais donc mes journées avec mon père et devint très vite capable de le seconder efficacement.
Cependant les affaires n'étaient pas florissantes. Papa avait misé sur une rapide expension d'Alain Bin pour faire marcher son commerce, cependant les voyageurs étaient peu nombreux et ceux qui s'aventuraient dans le marais n'est revenait presque jamais. Les rares survivants revenaient en haillons, grièvement blessés et complètement fous. On les soignait sans prononcer un mot et s'ils ne mourraient pas de leur blessures, mon père les ramenait à Innis Carthaig. Malgré mes multiples questions, personne ne voulut m'expliquer ce qui leur était arrivé. Maman gardait un silence gèné et papa me donnait plus de corvées pour me faire taire.
Une année passa ainsi. Nous n'étions pas riches mais nous vivions, enfin nous survivions. A douze ans, j'étais capable de tenir les écuries quand mon père s'absentait et je n'en étais pas peu fier. La confiance qu'il m'accordait m'honorait bien plus que tous les compliments dont ils pouvait me gratifier. En son absence je mettais un point d'honneur a faire les choses exactement comme lui et allait même jusqu'à parodier son attitude et son langage.
C'est donc les deux mains sur les hanches et le sourire enjoleur que j'accueillis les deux elfes tout vêtus de violet qui virent me proposer d'acheter un étalon. Je ris bien fort en renversant la tête en arrière comme mon père avant de leur répondre que si je vendais le fond de commerce je n'avais plus qu'à fermer boutique. Ils échangèrent un regard étrange. L'un d'eux se retourna vers moi avec un rictus sur les lèvres. Ils passa un bras sur mon épaule et se débrouilla pour que je ne manque pas son autre main posée sur la poignée de sa dague. D'une voix faussement affable il m'expliqua que si je ne pouvais lui vendre de cheval, je pouvais probablement lui en louer un. Son ton était sans équivoque et sous entendait de façon à peine voilée que je m'exposerais à de gros problèmes si je refusais.
En l'espace d'une seconde je redevins le petit garçon que j'étais. La menace me fit naitre une boule au creux de la gorge et c'est avec empressement que je leur ammena la bête, proprement harnachée et sellée. Il évaluèrent mon travail d'un oeil appréciateur avant de s'en aller, menant le cheval par la bride, et riant très fort. Je n'étais pas en mesure d'expliquer pourquoi, mais je savais que je n'aurais pas du leur louer cet étalon.
Je me précipitai à la maison et racontai l'histoire à ma mère. Elle était assise au coin du feu et brodait. Echappant son ouvrage en entendant la description des elfs, elle s'enfouit le visage dans les mains.
- Qu'as tu fais mon garçon, répétait elle en sanglotant, qu'as tu fais là !
Je ne pus cependant pas tirer d'elle plus d'explications. Le coeur serré et la peur au ventre, je repris ma tâche en attendant le retour de mon père.
Il revint deux jours plus tard. Je me cachais au fond des écuries et le laissais étriller sa monture lui même. Il m'appellait et pestait de voir l'étable sans surveillance mais je n'osais me montrer. Une fois sa jument pansée, il rentra directement à la maison où ma mère l'attendait. Je ne suis revenu que le soir au diner la tête basse et les yeux vers le sol. Je redoutais la ceinture de mon père pour ce qui me semblait être une bêtise de grande importance.
J'ouvris la porte sans bruit. Mes parents étaient à table, trois assiètes étaient dressées et ils semblaient m'attendre. Sans un mot je m'avançais vers mon père et me tenais près de lui, le manton sur la poitrine, j'attendais ma correction. Mais il m'attira à lui et me serra dans ses bras.
- Assieds toi, fils, me dit-il en me relachant, et raconte moi exactement ce qui s'est passé.
Et je lui contais l'histoire, telle que je l'avais ressentie. Je ne fus pas bravache et n'ommis aucun détails, y compris la peur que j'avais ressenti.
- Tu as fait ce que tu devais faire, fils. C'est moi qui aurais dû être là .
Je ne compris pas et mon père ne m'expliqua que le minimum. A savoir que je n'étais pas en position de refuser. Il ne sessait de répéter qu'il aurait du être présent à ma place.
Quelques jours passèrent avant que les deux elfs ne ramenent le cheval. Cette fois, c'est papa qui les accueillis. L'étalon, qui était fort et vigoureux lorsque je l'avais loué, n'était plus qu'une ombre. Le regard totalement vide, il parvenait à peine à marcher. Mon père hurlait mais les deux autres ne faisaient que rire en lui exigeant un autre étalon puisque celui-ci n'était pas assez solide. Cela ne faisait que l'enrager davantage. Il finit par perdre patience et les chassa du village à grand coups d'épée dans le vide. Les deux elfs partirent en montrant le poing. Nul dans le village n'avait prêté attention à cet échange. Des l'arrivée des elfs, tous avaient soudain trouvé une corvée urgente à faire et s'étaient éclipsés.
- Maudits Siabras! cracha mon père en revenant à l'écurie.
Ce n'est qu'alors que je compris le boulversement de ma mère et la résolution de mon père. Depuis ce jour là nous vécûmes dans la peur. Papa ne lâchait jamais son épée. Maman ne sortait jamais de la maison sans lui. Et il m'était interdit de sortir du champ de vision de mes parents. Plusieurs mois s'écoulèrent ainsi, nous avions tous les nerfs à fleur de peau et tous les autres habitants du bourg nous évitaient comme la peste. Il ne semblait plus pouvoir nous arriver quoique ce soit quand tout bascula.
C'était une nuit d'hivers. Le froid rendait le marais presque supportable l'hivers. Nous avions barricadé la maison pour préserver la chaleur et dormions tous à poings fermés. Je fus réveillé par un grand fracas: la porte qui volait en éclats. Lorsque j'ouvris les yeux pour voir d'où venait ce tumulte on me fourra la tête dans un sac et on me roua de coups. Le reste de mes souvenir de cette nuit là sont très confus. Des bruits entendus et des sensations ressenties dans un état de demi conscience dans lequel la bastonnade m'avait laissé.
Je sais que mon père s'est défendu car j'ai entendu des chocs métalliques. Probablement son épée. Je sais qu'il a été blessé et qu'il était dans l'incapacité de se battre car j'entendais ses cris de rage lorsqu'on violentait ma mère. Maman a soufert longtemps. Ce n'est que bien plus tard que je compris qu'on lui avait fait subir les pires affronts que l'on peut infliger à une femme. Papa éructait et maudissait à tour de bras car c'est tout ce qu'il lui était possible de faire. Ensuite on les a tué. Sans un mot, sans une insulte, comme s'il ne s'était agit que d'insectes qu'on écrase distraitement d'un revers de main. On m'a jeté en travers d'un cheval et on m'a conduit loin.
J'étais pieds et poings liés, la tête toujours dans un sac. Je sais que nos agresseurs ont emmené tous les chevaux de mon père car je les entendais galloper. Nous avons chevauché longtemps et ce n'est qu'au petit matin qu'on me rendit la vue. J'étais dans un petit village au coeur du marais.
Il me fallut une semaine pour me remettre du traitement que j'avais subit. Et je crois bien ne jamais m'être remis du traitement que mes parents ont subit. Une fois sur pied on me batti à nouveau. Mais moins rudement. On me faisait mal, mais on ne cherchait surtout pas à me blesser pour que je puisse travailler. Je n'avais pas le droit de parler ni de regarder un siabra dans les yeux. Je vaquais à mes occupations le nez baissé. Je m'écartais pour laisser passer les siabras et si je n'étais pas assez prompt à démontrer ma soumission on me battait encore.
Je compris vite qu'il me valait mieux ne jamais être vu inactif et ne jamais donner le moindre prétexte à mes geoliers de se montrer cruels avec moi car ils y prenaient du plaisir. On m'avais gardé en vie dans un seul et unique but. Prendre soin des chevaux. De telles montures étaient totalement inutiles dans le marais mais les siabras n'en avaient cure puisqu'ils leur destinaient une toute autre utilité.
En effet, il vivaient en compagnie d'animaux étranges qu'ils nommaient des cronicornes, sorte de chevaux cornus noirs comme la nuit. Ces bêtes étaient à la mesure de leur maîtres: maléfiques. Je m'entourais toujours des plus grandes précautions lorsque je devais en approcher une car elle prenaient un malin plaisir à mordre, donner des coups de corne ou de sabot à la moindre occasion.
Les cronicornes ne pouvaient pas se reproduir. Je m'en suis apperçu dès qu'on fit saillir une femelle par un des étalons de mon père. La cronicorne se montra d'une violence inoui pendant tout l'acte et encore plus après, au point qu'elle tua le cheval. Les juments menées au mâles cronicornes subissaient un traitement similaire, hormis qu'ils ne les tuaient pas. Cependant elles mourraient invariablement en mettant bas. L'accouplement de deux cronicornes finissaient par la mort des deux animaux tant ceux-ci étaient violents.
Je vécu ainsi pendant deux ans. Je ne sais encore pas aujourd'hui comment j'ai pu rester en vie. Je n'aurais jamais eu ni la force ni le courage de me retourner contre mes tortionaires. Je n'aurais pas pu m'enfuir puisque je ne savais pas où j'étais et ce sans considèrer la très faible chance que j'avais de survivre dans le marais. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas mis fin à mes jours. Ce n'était peut être tout simplement pas ma destinée.
Mon destin. Je le vis apparaitre un soir sous la forme d'une elfe, tout de noir vêtue, hormis ses manches et ses gants d'un jaune sombre. Elle était inconsciente et avait le visage en sang. Deux siabras la portait par les bras. On la jetta dans une cabane où on la ficela solidement avant de m'ordonner panser ses blessures.
- Aide moi! me dit elle en reprenant conscience.
Je n'eus même pas le courage de lui répondre, je m'enfuis rapidement avant qu'on nous surprenne à discuter. Tous les soir on l'interrogeait et tout les matins je la soignais, sans jamais lui parler. Parfois, lorsque les ténèbres m'apportent leurs cortège de cauchemards, j'entends encore ses cris qui me déchirent l'âme. Je ne sais si c'est parcequ'ils ressemblaient à ceux de ma mère ou si c'est à cause de mon manque de bravoure. Toutes les nuits, ses hurlements et les rires de ses tortionnaires emplissaient le camps. Chaque soir, je pleurais en mordant ma couverture pour ne pas faire de bruit.
Une fois de plus, ma destinée s'est rappelée à moi. Ma mère m'apparut en rêve, elle avait le regard triste et les traits tirés. Je courrais vers elle en l'appelant mais je ne pouvais l'atteindre. Tout ce qu'elle me dit fut: aide la. Je me reveillai en sursaut plusieurs heures avant l'aube, envahit d'une nouvelle résolution que je ne m'étais jamais connue. Décidé à libérer l'elfe, à tout prix, même s'il me fallait tuer ou mourrir pour cela.
Les siabras s'étaient habitués à ma présence et ne prenaient presque plus de précautions avec moi. Il me fut très facile de voler une dague dans une hute. Je me faufilai jusqu'à la prison de l'elfe et entrai discrètement. Deux de ces démons étaient à pied d'oeuvre. Ma mémoire a oublié ce que je vis ce soir là . Et j'en suis heureux. Je me souviens avoir été choqué et horrifié par ce qu'elle subissait mais c'est tout.
J'étais dans un état second. Ivre de rage je me jettai sur le plus proche et lui enfonçais ma dague dans les cotes. Il s'écroula et, m'agenouillant sur lui, je continuai à le frapper jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'une tache de sang. Le second m'envoya bouler d'un grand coup de pied à la tête. Sonné, je le vit s'approcher de moi sans être capable de bouger. J'étais sûr de mourrir mais une fois de plus, le destin en avait décidé autrement.
J'entendis un sifflement aigü et une fleche traversa une fenêtre et vint se ficher dans la poitrine du siabra, bientôt suivie d'une seconde. L'elfe tirait frénétiquement sur ses liens pendant que je tentais de reprendre mes esprits. La porte s'ouvrit à la volée. Un celte moustachu entra, il tenait toujours son arc à la main.
- Blathnaid! s'écria-t-il en libèrant l'elfe, tu peux marcher?
- Je peux marcher, répondit elle simplement.
- Alors partons pendant qu'il est temps.
Le celte la saisit par le bras et commença à la tirer vers l'extérieur. Elle se libèra de son étreinte d'un geste fluide, se pencha et ramassa les armes des siabras.
- Nous allons partir Amargein, mais avant j'ai une tâche à remplir.
Et elle se volatilisa. Je n'en croyais pas mes yeux. En une seconde elle avait disparut. Le celte ne sembla pas s'en émouvoir.
- Non, Blath! Il faut partir, nous ne devons pas rester là !
- Tu sais et ils sauront bientôt que la fureur d'une Ombre n'attend pas, la voix de Blathnaid venait de nul part.
La porte tressaillit légèrement et il n'y eu plus aucun bruit dans la hute.
- Ah les femmes! jura Amargein.
Il me saisit par le bras et me releva comme si je ne pesais rien. Il m'attira au dehors. Ses vêtements et sa cape bleu nuit se fondaient dans l'obscurité, s'il ne m'avais pas tenu fermement je n'aurais même pas pu le suivre. Il nous emmena juste à l'extérieur du camp pendant que la voix de l'elfe s'élevait dans la nuit et emplissait le village d'une malédiction jetée dans une langue que je ne connaissais pas.
Mes souvenirs à partir de là sont encore très confus. Amargein m'a laché et m'a ordonné de ne pas bouger. Je suis tombé à ses pieds et j'ai contemplé la scene qui s'est offerte à moi sans vraiment la comprendre. Blathnaid était réaparru au milieu du camp et elle combattait. Non pas comme un guerrier mais comme une démone. Elle usait d'une sauvagerie telle que je n'aurais jamais cru possible. Amargein, lui, debout à côté de moi décochait flèche sur flèche au point que son arc semblait chanter. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Mais lorsque le celte me saisit à nouveau par le bras pour partir, le village n'était plus qu'un brasier sans nom au milieu duquel gisaient les corps de ceux qui avaient été mes tortionnaires. Nous nous sommes enfuit dans la pénombre alors que les cors d'alarme retentissaient dans les villages voisins.
C'est cette nuit là que mon destin fut scellé. Je venais de rencontrer celui qui allaient devenir mon maître et qui allait m'enseigner tout ce que je sais. Je venais de délivrer celle qui allait être mon mentor et qui guiderait mes pas vers mon Seigneur. Toute mon existence c'est joué cette nuit là . Quand aujourd'hui, je vois ce qu'aurait pu être ma vie, ici à Connla, je ne parviens pas à décider si je dois les aimer ou les hair pour celà même si les remorts d'un vieil homme n'ont désormais plus bien grande importance.
A suivre.
Si j'avance, suis moi.
Si je meurs, venges moi.
Si je fuis, tues moi.
Ce dont il faut avoir peur, c'est de la peur elle-même.