La plage est belle dans sa couleur rougeoyante de fin de soirée.
Il fait encore bon.
J'ai pleuré.
Je suis là car aujourd'hui ont raisonné, les paroles que Grand-Ma, ce jour là a pronnoncées : La promesse.
-Reviens quand tu auras accompli ta destinée !
Ma formation, il y a quelques lunes, s'est achevée et je suis venue affronter un vieux souvenir caché.
Alors, j'ai pleuré, enfin....
J'ai pleuré sur cette jeune fille terrifiée et son courage à résiter.
J'ai pleuré sur cette vieille-femme tant aimée que je savais, à cet instant perdre à jamais.
J'ai pleuré alors ma grand-mère que j'aimais tant, ses yeux riants, ses chants entrainants qui soignaient...
Alors que mon coeur se déchirait, j'ai pleuré son sourire, sa bonté qui construisaient un abris, un foyer..
sa tendresse, ses histoires, les gâteaux à la canelle qu'elle faisait.
J'ai pleuré enfin, pour la première fois, celle qui fut ma grand-mère, celle qui m'aimait.
Pourtant, dans mes larmes désormais, plus de désespoir ou de rage suffocante, aucune tempête rugissante..
Simplement moi, elle et la mer apaisante.
Une douceur carresse mon coeur, la lumière semble partout, tendre envelloppante..
et alors dans ce moment en suspend, soudainement je comprends !
Je comprends le cadeau qu'elle m'a fait...
Car alors, par amour je serais restée !!
Auprès d'elle, dans ce village qui n'était plus un foyer,
je serais restée, malgré leur jugement à tous sans pitié, mon amour pour elle m'aurait enchainé.
Ce jour là , elle m'a sauvé !
Elle m'a rendu ma destinée !
Un sourire naît sur mes lèvres et je sens, dans une incroyable poussée, un rire en moi, clair et limpide se dessiner.
Dans ce rire, qui s'offre comme un cadeau, ce rire qui referme toutes blessures et toutes failles,
je revois, je comprends:
toutes ses histoires, nos discussions qui depuis le début m'avaient préparée, et qui toutes ces années m'ont accompagnées,
m'apprenant à vivre, à aimer, à perdre, à gagner...
A endosser mes choix, ma liberté.
Mon rire s'echappe plus fort, plus léger...
Il libère en moi les monstres qui régnaient sans compter.
Elle savait ! Elle savait !
Et pour la première fois, depuis tant d'années, le chant des vagues me parvient, m'accompagne et je ris,
car je sais, que Grand-Ma, en ce lieu vient à nouveau de me libérer...
Une douce fragance arrive jusqu'Ã moi.. la canelle.
Alors, lentement, dans le soleil finissant, je me lève.
Je peux rentrer maintenant.
Il me tarde d'arriver, car sur cette route si encombrée j'ai trouvé un abri.
A la maison, je vais rentrer, auprès de ceux qui ont tant de rires et d'histoires à raconter...
Ma maison, mon abri, mon foyer les Messagers !