Je vais vous conter une histoire

[Tower]

« Des traces de pas ! Ils sont passés par là ! »
Florn reconnaissait l’endroit, il approchait d’Ardee. Les curmuggedons qui lui ont volés son bijou, devaient être originaire du village plus loin à l’Est, au bord du lac.

« Ils passeront obligatoirement par la plaine et si je coupe par les ruines, je pourrais leur tendre une embuscade »
Le ranger coupa par les ruines hantées. Sa furtivité lui permettant de passer sans encombres. Les curmuggedons bien trop couards avaient fait un large détour permettant ainsi à Florn de les rejoindre. Ils avançaient fiers de leur butin, un daim volé à des chasseurs, un parchemin pris à un jeune firbolg qu’ils avaient assassinés, des armes récupérées sur des siabras et ce bijou qu’ils avaient volé avec malice à ce jeune archer celte. Le chef s’amusait avec l’objet, appréciant la valeur de son butin.

Le soleil dardait la prairie de ses chauds rayons fatiguant les marcheurs. Leur attention étaient tournée plus sur leur butin que sur leur route ainsi ils faisaient des proies faciles.
Le ranger se glissa dans les herbes hautes, il ne devait faire qu’un avec la nature pour ne pas trahir sa présence, un vol d’oiseau apeuré, un bruissement d’herbe un peu étrange et il serait repéré. Il contrôlait sa respiration et se déplaçait toujours sous le vent. Il compta ses ennemis, ils étaient là tous les cinq, le chef marchant en tête avec son bijou.
Florn approcha suffisamment pour avoir le groupe à portée d’arc, il encocha une flèche, se leva rapidement et tira une flèche dans le dos du dernier de la file. Celui ci s’écroula, lâchant un cri de douleur. La troupe surprise se retourna, une deuxième flèche transperçait un autre humanoïde, les trois derniers chargèrent le ranger. Une nouvelle flèche en abattait un quand les deux autres arrivaient à un mètre de Florn. Le celte sortit ses lames et commença une ronde mortelle laissant ses lames danser autour de lui, tranchant et assassinant les deux assaillants.
« Décidément ses curmuggedons sont meilleurs dans l’art de voler et d’assassiner en traître que dans l’art du combat »
Florn inspecta rapidement les corps, récupéra quelques bonnes flèches siabras, son bijou et ce curieux parchemin. « Les curmuggedons ne savent pas lire, ils ont du le prendre dans l’espoir de le revendre sûrement ».
Il remarqua le cachet du Lord de Dun Bolg avec la fameuse citation : « Espoir et Honneur » Le parchemin n’avait pas été lu et semblait être très important. Il fallait rapporter ce message à qui il était destiné mais pour connaître l’identité du destinataire, il fallait le lire. Tant pis pour la convenance, le celte détacha le cachet et ouvrit le parchemin.

Mon frère,

La forteresse de Dun Bolg a été capturé par les Midgardiens, j’ai pu fuir mais ils sont sur mes trousses, je t’envois mon fils qui seul, a plus de chance de s’en sortir qu’avec moi. Nos ennemis ont jurés qu’ils auraient ma tête.

Prends soin de ton neveu, mon frère.

Je veillerai sur vous de là haut. Je vous aime, ma famille.

Tower Dungael

Florn comprit que le fils du lord était tombé sur les curmuggedons, le pauvre n’était plus. Il fit une rapide prière pour cette famille qu’il apprécie. En effet, la famille Dungael a toujours été aimée des hiberniens. Les deux frères Tower et Andelon faisaient beaucoup pour le royaume, le premier dirigeait la forteresse de Dun Bolg et le deuxième dirigeaient les approvisionnements en nourriture de l’armée d’Hibernia à Ardee.
« Ardee… je suis tout proche, ce parchemin devait être destiné à Andelon » Le ranger se décida d’apporter le message même si il devait se faire porteur de mauvaise nouvelle.

Il traversa la plaine et se rendit à Ardee, Andelon était dans la maison principale à gérer les stocks venus des riches champs tant convoités par les parthaniens. Florn pensait qu’il finirait par prendre le contrôle des champs vu l’augmentation de leur population, c’était juste une question de temps.
Il entra dans la salle, il y avait foule, les gens se pressaient de partout pour inscrire les stocks qui arrivaient et ceux qui devaient repartir pour nourrir les troupes au combat. Le ranger ressentait à ce moment le besoin de rejoindre la forêt de retrouver la nature loin de tous cette civilisation, de cette ruche affairée à son travail. Il se ressaisit, se rappelant l’importance de sa mission.
Andelon était entrain d’organiser le départ d’un nouveau convoi pour les troupes de Dun Crimthain. « Il doit sûrement être au courant pour Dun Bolg mais il faut que je lui apporte ce message.» pensait Florn. Le firbolg salua le départ du convoi et reparti à son bureau, le ranger tappa à la porte et entra après en avoir eu l’autorisation.
« Bonjour, Andelon, je chassais un groupe de curmuggedon et j’ai trouvé ceci sur un d’entre eux, cela vous est adressé, je crois » Il tendit le parchemin au firbolg qui le lu rapidement. Ses mains commencaient à trembler. L’émotion se ressentait, les frères étaient très proches. Florn avait bien perdu sa famille à l’âge de ses 10 ans et son cœur s’était asséché depuis, il ressentait de la peine pour le firbolg et sortit, il connaît une vieille coutume firbolg qui veut que les hommes ne pleurent devant personne. Quelques minutes passèrent quand Andelon l’appela. Il entra et répondit aux questions « où ? quand ? comment ? » Le celte fut étonné du pragmatisme d’Andelon, il ne parlait pas de vengeance, il n’y avait aucune haine dans sa voie, juste de la tristesse pour la perte de quelqu’un de très cher. Le firbolg le remercia et lui tendit une bourse d’or pour le remercier et lui permettre de rentrer facilement chez lui. Florn n’accepta pas cet or, lui répondit que c’était son devoir. Andelon eut un sourire malgré sa peine et lui proposa de le loger une nuit chez lui car la fatigue du celte était visible.
Le ranger ne put qu’accepter cette fois, la fatigue était trop importante.

Andelon et Florn sortirent du bureau. Le firbolg donna quelques recommandations à un responsable et accompagna le ranger. Ils traversaient la ville en direction de la petite ferme familiale des Dungael. Cette propriété n’était plus vraiment utilisée pour produire de la nourriture en quantité, il restait tout au plus un potager qui servait au besoin de la famille. Andelon était bien plus utile à la gestion des convois qu’à labourer son champ mais il continuait à résider dans cette ferme appartenant aux Dungael depuis des générations maintenant.
Ils entrèrent dans le domaine, Florn était surpris de voir qu’il y avait une grande partie boisée traversée par un ruisseau alors qu’à l’habitude, les fermes ne sont composées que de champs plus utiles. Cette originalité donnait un charme certain à l’endroit et le ranger retrouvait la nature, il respirait mieux qu’à l’entrepôt.

Ils arrivèrent à une petite maison entourées de nombreux bâtiments, les propriétaires sont donc riches mais ils sont restés simples, cela se ressent dans la configuration des lieux, rien de superflu, tout est sobre, beau et naturel, le bois étant omniprésent.

Andelon entra, la porte n’était pas fermée, chose curieuse en ses temps de guerre où les gens ont tendance à s’enfermer par peur. Le firbolg expliqua qu’il y avait moins de risques ici que dans la forêt et pourtant, il n’existe pas de porte dans les bois.

Un bébé firbolg avanca à quatre pattes en direction d’Andelion qui le prit dans ses bras. « Hellbound, je te présente Florn, un ami ranger qui va dormir ici ». Le ranger n’était plus habitué à une famille mais ne pût réprimer un sourire en voyant le petit être qui tendait une main curieuse vers lui. Il approcha deux doigts en direction du bébé que cinq petits doigts attrapèrent. Florn était impressionné par le calme du père, il venait d’apprendre qu’il avait perdu son frère et son neveu et pourtant, il cachait sa peine devant son jeune fils. Sûrement encore une histoire de fierté si chère au peuple firbolg.

Un appel d’une voix mélodieuse se fit entendre « Hellbound ! où es tu passé petite terreur ? » et une dame firbolg apparue. Le celte fut réellement surpris, les femmes firbolg ne sont pas réputées pour leur beauté mais celles ci laissait échapper un charme impressionnant. Elle était pleine de grâce, son regard empli de passion et de douceur s’arrêta sur Andelon, un amour fidèle et intense s’en échappait. Elle était enceinte et cela là rendait encore plus belle. Elle sourit et commença à s’approcher d’Andelon « mon cœur ! te voilà ». Elle s’arrêta, découvrant le celte caché par la carrure de son mari. Une petite teinte rouge vint aux joues de la firbolg ce qui la rendait encore plus ravissante.
« Excusez-moi, bonjour à vous » dit-elle
Le ranger lui rendit le bonjour poliment.
Andelon sourit et présenta Florn à sa femme ne parlant toujours pas de son frère. Les firbolgs étaient bien curieux.
« Florn je vous propose d’aller faire un tour dans la propriété, je voudrais parler un peu à Alenia s’il vous plait »
La belle firbolg regarda un petit peu inquiète son mari, il y avait quelque chose d’anormal.
« je vais me promener un peu, le grand air me fera du bien » répondit le ranger et il sortit.
Andelon déposa Hellbound dans une sorte de parc et se rapprocha de sa femme.
Il lui raconta ce parchemin, des curmuggedons. La douce Alenia sentit les larmes montées à ses joues. Andelon la serra contre lui, il voulait ne faire qu’un avec elle, la soutenir de douces paroles, l’aider, il savait que son frère était comme un frère pour Alenia. La belle sécha doucement ses larmes, le peuple firbolg n’était pas habitué aux grandes démonstrations de sentiments mais leurs cœurs n’en étaient pas sec pour autant et ils étaient fidèles en amour comme en amitié.
Une fois sa femme remise de ses émotions, Andelon la rassura une dernière fois puis alla chercher le ranger.

La soirée se passa tranquillement et Florn pu apprécier la douceur d’un foyer, d’un repas partagé et la chaleur d’un lit ce qu’il n’avait pas connu depuis bien longtemps.

Il repartit le lendemain, remerciant ses hôtes.

Quelques jours plus tard, Alenia donnait vie à un nouvel enfant, c’était un garçon, en souvenir du frère disparu, ses parents décidèrent de l’appeler Tower. Tower Dungael