par Johnn » Mer 16 Juin 2004, 16:26
Assis sous le vieux chêne, Johnn s'était armé de parchemin, de plumes et d'encre. De son écriture maladroite, il posa les mots :
Dans l’un des plus beaux bâtiments de Tir Na Nog un événement des centaines de fois répété avait lieu. Deux jeunes apprentis allaient recevoir le don. Ils avaient étudiés durement, l’école de magie n’acceptait pas les cancres. Leur esprit était vif et brillant. Ils avaient la fougue et l’enthousiasme de ceux de leur âge. Ils étaient jeunes, ils étaient doués et intelligents. Côte à côte, ils se tenaient droit devant leur instructeur. Un homme, une femme. Ou plutôt un jeune garçon et une jeune femme. Le maître empathe les regardait en souriant. « Il vont bien ensemble » songeât il. Oui, il allait bien ensemble, ils formaient un ensemble harmonieux. Souvent, ils avaient échangés des regards complices, peu être qu’un jour l’un ou l’autre aurait le courage de faire le geste, peu être s’aimeraient ils vraiment. Pour le moment, ils étaient là . Là comme deux amis qui avaient étudiés ensemble, tâtonné sur le dur chemin de la connaissance. Une route si longue qu’elle n’a jamais de fin. Un homme, une femme… Sharin et Valyra. Quel vaste hall que celui ci ! ! ! pensa t’elle. Et quelle fierté aussi pour les deux jeunes gens qui se tenaient là . Ils portaient tout deux une robe de velours rouge malgré la température un peu chaude de cette saison. La cérémonie fût toutefois brève, la journée touchait à sa fin, déjà le soleil déclinait.
Ils quittèrent tout deux la tour de magie. Ils étaient joyeux et d’humeur badine. D’un pas rieur, ils se dirigeaient vers une auberge, l’occasion était belle. Ils progressèrent dans le long tunnel. Les cristaux projetaient des ombres blafardes sur les murs rocheux. Insouciants, ils passèrent devant un clochard assis là . Ils lui jetèrent un bref coup d’œil. L’homme était vêtu de frusques crasseuses et usées. Il était sale, il sentait mauvais. C’était l’image d’un homme déchu. Il était comme une boule, recroquevillé sur lui même, les genoux contre le torse et la tête sur les genoux.. Il ne les regarda pas. Ses yeux étaient fermés, dans un demi sommeil, son esprit dérivait au delà des brumes du temps. Il n’y avait rien dans ses songes, il en avait banni tout les souvenirs, ni vie, ni mort, ni joie, ni peine, juste le vide et le silence. Une ombre d’homme faite de fumée, une transparence presque invisible dont la seule existence était ce corps posé là , dans le monde physique, et qui attendait sa fin. Sharin et Valyra le dépassèrent.
Dans le tunnel, devant eux, des pas résonnèrent. Ils ne virent pas venir le danger, ils n’étaient pas prêt, pas assez attentifs, pas assez vigilants. Ils se croyaient en sécurité au cœur d’une ville entourée de murs. Ils avaient oublié que parfois la vie bascule. Avec la vitesse d’un cheval, la force d’un éclair, ce que l’on espérait pour demain s’efface et tout se trouble. Un coup du sort, triste sort en vérité, un destin contre lequel on ne peu rien. Peu être une fatalité, ou l’oubli momentané de la valeur des choses. On dit que la vie défile derrière nos yeux quand la mort nous appel, elle nous montre ce qui a été, peu être pour que l’on s’en souvienne dans l’au-delà . Peu être pour le grand jugement pour que nos âmes se souviennent et aillent se poser sur le bon plateau. Quand la dague perça l’étoffe puis le ventre moue de Sharin, ses yeux exprimèrent la surprise et la souffrance. Il ne compris pas quand il posa ses mains rouges de sang devant son regard. Il ne comprit pas quand ses jambes faiblirent et s’affaissèrent sous le poids de son corps. Dans un immonde gargouillis il voulu crier mais aucun son audible ne franchit ses lèvres. Il voulu lancer un sortilège pour protéger Valyra mais son esprit était déjà trop avancé dans l’ombre pour qu’il réussisse a réunir assez d’énergie mystique. Il sortit de son fourreau un fin poignard qu’il planta d’un dernier élan dans la jambe d’un des assaillants. Dans l’effort, il le lâcha. Son sang s’écoulait de la plaie et avec lui, sa vie. Il rampa vers l’épée courte que le brigand blessé avait lâché. Les cris de Valyra lui parvenait encore, elle devait se défendre encore, elle n’était pas morte. L’espace d'un moment, il se demanda pourquoi… Pourquoi cette attaque, pourquoi eux, pourquoi la mort. Puis il chassa ses pensés. Trop affaibli pour se lever, il se traîna vers le clochard. Celui ci n’avait pas bougé d’un pouce, pourtant ses yeux étaient ouverts. Sharin fût surpris par leur pâleur. Ils semblaient comme un vitrail cachant un gigantesque vide. Beaux, froids et sans émotions. Ils regardaient sans voir la réalité de ce monde, sans voir le combat sans espoir qui se déroulait devant eux. Ils n’affichaient aucune peur, aucune colère, aucune honte. L’homme n’avait pas bougé, Sharin devina qu’il ne bougerait pas, qu’il ne les aiderait pas, comme une statue, ridicule parodie d’un homme vidé. Pourtant, mué par les derniers spasmes de sa volonté, Sharin arriva jusqu’à le toucher. Il lui glissa dans la main l’arme qu’il avait subtilisé. Lentement, un par un, il serra les doigts de l’homme autour de la garde. Sa vue se voila, elle était là , elle ne voulait plus attendre. Posant sa main ensanglantée sur le visage souillé, il prononça ces quelques mots :
- « Sauve la. »
Et son âme s’envola. Elle refit le chemin et enfin, elle quitta son corps incapable de la retenir. Ainsi mourut Sharin le jeune mage, fauché avant même d’avoir trouvé son nom.
A suivre
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Johnn le Mer 16 Juin 2004, 17:10, édité 1 fois.