Le ciel est lourd et la pluie ne va pas tarder à tomber. « Encore un mauvais présage » se dit Chegwidden en regardant par la fenêtre de la villa des Anges Gardiens à Breaghva.
Un mauvais présage pour un combat qu’elle sait ultime. Ce soir, en compagnie de nombre de guerriers, d’ovates, rôdeurs, animistes et faucheurs, elle va devoir affronter l’ultime secret des Anciens de l’Atlantide.
- Quelle armure porterez-vous Ma Dame ?
Elle sursaute un peu à la question de Mélézia, la jeune firbolg qui s’occupe de ses affaires. En la voyant préparer son armure corail, la blonde sentinelle hoche négativement la tête. Puis d’un sourire énigmatique, répond :
- Non Mélézia, prépare-moi l’autre armure. Celle fabriquée par mes amis. On dit que l’endroit où j’irai est dangereux. Cette armure-là , Mélézia, je crois bien qu’elle me portera chance.
La firbolg s’incline et vient aider sa maîtresse à enfiler les différentes pièces d’armure fabriquées par Adx, Rodolf et Ultaka. Lorsque la sentinelle en est équipée, elle lui tend l’épée courbe et le bouclier forgés par Mugathdem puis avec une sorte de dégoût craintif, une immense épée que Chegwidden accroche à son épaule. La fameuse « Batailleuse » cette épée atlante qu’on dit dotée de pouvoirs magiques mais maléfiques.
Elle se regarde dans le miroir. Est-elle prête ? Non pas encore. Elle s’empare d’un pot de fard et déposa un peu de bleu sur les tatouages ancestraux de son visage. Puis sans un regard à la maison des Anges Gardiens, elle demande à l’elfe de l’emmener sur l’Atlantide.
Sur une île non loin du Refuge d’Hesperos, elle retrouve les compagnons d’arme avec qui elle va vivre ce combat. Mais serait-ce un combat ? Personne ne sait ce qui va se passer. Les Messagers Sacrés, Crépuscule de Vie, les Crocs d’Argent, les Chevaliers de l’Eternité… Telles sont quelques-unes des nombreuses guildes d’Hibernia qui ont envoyé leurs représentants. Ils combattront sous les ordres de Nai Cerfide, celui qui les a guidés tout au long de ces épreuves des Anciens.
Personne ne parle dans les rangs hiberniens. Chegwidden sait que tous ses compagnons sont fatigués, à bout de force. Tout comme elle. Les longs combats dans les donjons de l’Atlantide, contre Tyhphon, Chimère, Phoenix, et tous ces autres montres épiques les ont épuisés. D’un signe de tête, elle salue Nai, Welxior, la belle Evaee, Aoessata et Corearian, Phylo et tous les autres, ces gens qu’elle a appris à connaître ces dernières semaines. Elle ne peut retenir un sourire en reconnaissant un peu plus loin le chapeau pointu de Mugathdem et se dirige silencieusement vers lui. Ils échangent un regard et un sourire et sans un mot, elle rejoint le groupe qu’il devra gérer, comme elle l’a toujours fait durant les épreuves précédentes.
La nuit tombe et soudain une sorte de brume bleutée apparaît devant leurs yeux ébahis. Nai leur ordonne à tous de plonger dans cet étrange brouillard et Chegwidden observe avec stupéfaction ses compagnons disparaître un à un dans une sphère de lumière blanche. Elle respire profondément et s’élance à leur suite dans la brume bleutée.
Elle se retrouve face à une immense rampe d’escaliers dont les marches semblent se perdre dans l’infini du ciel étoilé. Ses compagnons ont déjà commencé la longue ascension et non sans une crainte, elle les suit à nouveau.
Ils sont maintenant dans Celestius. Même dans ses plus beaux rêves, la sentinelle n’a jamais vu un paysage pareil. Ils se trouvent tous dans les ruines d’un donjon semblant flotter au milieu des étoiles. Aucun bruit autour d’eux, si ce n’est le glissement furtif des épées sorties du fourreau. Ils s’avancent prudemment. En face d’eux, les attend Sagittarius.
Le combat des Hiberniens contre les ultimes dieux des Atlantes a commencé.
Chegwidden est épuisée. Sans fin, elle refait les mêmes gestes. Il faut soigner, soigner inlassablement ses compagnons qui faiblissent sous les coups de Sagittarius. Il lui faut tout son courage pour invoquer les pouvoirs qu’elle a reçus. Soigner, rendre la vie, puis redonner courage, force et vivacité à ses frères d’arme. A Sagittarius succède Scorpius dont la seule vue fait perdre toute force. Autour d’elle, tout n’est que fracas des armes, cris de souffrance et de détresse. Comme dans un rêve, elle entend Nai hurler ses ordres pour encourager les guerriers à redoubler d’effort, à frapper plus fort, plus vite.
Scorpius tombe et voilà Centaurus. Puis Leo. Lorsque ce dernier tombe sous les coups des Hiberniens, Chegwidden pense que c’est enfin fini. Mais voilà une fracture blanche déchirant le ciel étoilé. Non… non ce n’est pas fini.
Draco.
Les troupes sont cette fois à bout. Rien, aucun coup d’épée, aucune magie solaire, ou lunaire ne peut entamer les forces de l’immonde dragon. Et il faut tout le savoir des animistes pour réussir à blesser légèrement la peau de ce dragon des étoiles…
Le combat dure et dure encore. Et Chegwidden se sent faiblir. Elle ne pourra plus tenir bien longtemps. Elle n’a plus qu’une envie c’est de dormir. Pas de dormir, de mourir car ce combat, elle le sait est perdu d’avance. Si elle meurt, elle connaîtra enfin le repos.
Mais les dieux hiberniens veillent et lui redonnent courage. Ils glissent des paroles d’espoir dans l’esprit de la jeune femme. Elle voit ses compagnons dans un dernier sursaut d’énergie porter enfin le coup fatal à Draco, le dragon des étoiles.
Et c’est le silence… Les maîtres de Célestius ont été vaincu. Les derniers secrets des Anciens ont été révélés.
Ils se regardent tous, puis sourient et enfin hurlent de joie. Ils s’embrassent, se félicitent. Leurs épreuves sont terminées.
Il est temps maintenant de repartir pour Hibernia, mère patrie. Avec en eux, le souvenir de cette nuit mémorable qui restera à jamais gravée dans leur mémoire.