par Johnn » Ven 08 Oct 2004, 14:56
Le soleil vient de se coucher. Sanaslaïr patiente et attend qu’il fasse noir. Quelques minutes, puis il se dirige vers le cimetière. Il reste attentif : profaner une tombe ne constitue pas un geste simple. Bien que pourvu de peu de scrupules, il n’apprécie pas d’aller déranger un mort mais il n’a pas le choix s’il ne veut pas se retrouver à son tour parmi ceux qui sont passés sur cette terre. Encore une fois, l’information peut être essentielle, vitale. Il regarde sans cesse les environs : il est peu de personnes que l’on traite aussi rudement que les profanateurs. Sanaslaïr se glisse jusqu’à la tombe du jeune homme. Celle-ci n’a que quelques jours. Il regarde une nouvelle fois autour de lui. Personne. Alors il s’atèle à creuser aussi vite que possible, silencieusement. La terre est fraîche, il ne tarde pas à accéder au cercueil. Il le déblaye et avant de plonger dans la tombe, il scrute de nouveau les horizons. Il se saisit de son pied de biche et force l’ouverture du couvercle. Il fait abstraction de l’odeur et de la vision du corps qui a entamé sa décomposition : l’un et l’autre lui sont familiers. Ce qui le gêne, c’est de déranger l’esprit tranquille du gamin. Il fouille rapidement le corps. Tiens, tiens, il semble qu’il ait eu une nouvelle fois du flair. Il trouve un médaillon qu’il met prestement dans sa poche. A priori rien d’autres. Il referme le couvercle, sort du trou, regarde de nouveau et recouvre le tombeau. Comme pour se faire pardonner, il adresse une prière à l’âme défunte : ce n’est pas dans ses habitudes, mais cela lui semble nécessaire. Puis il s’éclipse : personne ne pourra déceler la moindre trace d’une quelconque effraction.
Sanaslaïr arrive à l’auberge des Quatre Vents. Il y entre, adresse un signe de tête à l’aubergiste qui lui retourne son signe de tête, signifiant que sa récompense est arrivée. L’assassin monte à l’étage, chambre 24 : la chambre de la Rose. Il y entre. La femme se tient devant la fenêtre, immobile, le regard haineux fixé sur lui. Il parcourt, de son regard ce corps parfait. Elle s’est habillée chaudement, avec des vêtements amples afin de cacher son corps. Comportement ridicule ! Il a déjà eu tout le loisir de pouvoir admirer sa silhouette chez le Régent. Il referme la porte.
- Ceci est la chambre du châtiment que vous avez choisi de subir pour avoir menti à la Guilde. Quoi qu’il arrive, nous passerons la nuit dans cette chambre. Nous devrons n’en ressortir que demain à huit heure. Ensemble. Si vous sortez seule, vous serez arrêtée et conduite auprès du Régent. Si je ressorts seul, je serai exécuté sur le champs. Evidemment, vous pouvez choisir de vous suicider signant ainsi mon arrêt de mort : ce sont des choses qui se sont déjà produites. Seulement ne vous ratez pas car je vérifierai que vous n’avez pas raté votre tentative. Vous rejoindrez l’autre monde en étant quasi certaine que je serai exécuté, quasi certaine…
La femme foudroie Sanaslaïr du regard. Elle se saisit alors d’un poignard et s’avance vers l’assassin.
- En outre, j’ai signalé au Régent que vous n’étiez pas passé par lui pour engager un assassin. J’ai déposé la tête de l’Archer sur son bureau et lui ai raconté les faits. Vous devez donc d’une part lui rendre compte de cela demain matin et, d’autre part, je peux revendiquer une nouvelle sanction à votre encontre pour avoir été la cible de ce marché illégal. Et vous savez ce qu’il arrive lorsque l’on passe la deuxième fois devant le Régent pour être condamné par la Guilde. Vos seuls recours : moi ou la fuite.
La femme s’arrête, la peur commence à se lire sur son visage. Sanaslaïr trouve son comportement ridicule. Comment espére-t-elle le tuer ainsi ? La lame doit être empoisonnée.
- Enfin, vous devez savoir que si vous tentez de me tuer une deuxième fois, je suis en droit de faire justice moi-même. Réfléchissez avant de faire un pas de plus.
La femme s’arrête nette, tremblant de haine, de dégoût, de frustration et de panique.
- Pour conclure, je tiens à signaler que c’est vous-même qui avez choisi le châtiment. Bien que dépourvue de sens de l’honneur, de la droiture, de la vérité, chose que je suis loin de condamner, vous devez néanmoins reconnaître que vous, et vous seule, êtes responsable de cette situation. Je comprends que vous avez choisi ce sort afin de pouvoir vous en sortir indemne et par la même me tuer mais sachez que les sanctions de la Guilde sont faites pour être rendues inévitablement.
Sanaslaïr laisse à la femme le temps de la réflexion. L’ambiance est tendue. La femme se tortille, toujours le poignard dans la main. Alors, aussi vif que le cobra, Sanaslaïr bondit, arrache l’arme par le manche et la jette dans un coin de la pièce. Puis il saisit la femme et la plae devant la fenêtre. Celle-ci commene à crier, à se débattre.
- Je pense que si nous restons ainsi encore quelques minutes, nous n’allons pas tarder à ressentir l’atroce souffrance de la flèche trouant notre peau.
Sanaslaïr maintient la femme d’une poigne de fer. Elle comprend qu’elle ne pourra se défaire de l’emprise de l’assassin. Elle cesse de se débattre et regarde par la fenêtre, semblant prier pour qu’on la reconnaisse et que les archers ne tirent pas. Elle prie, prie pour ne pas être la victime de l’exécution. Puis Sanaslaïr lâche contre toute attente sa prise et recule.
- Nous allons sortir de cette pièce ensemble ; nous allons descendre dans la salle à manger et je vais vous laisser quelques minutes pour faire ce que vous avez à faire. Après quoi nous remonterons pour que la sanction prenne effet. Je vous rappelle que celle-ci stipule que nous devons passer la nuit ensemble, que vous devez vous offrir à moi. Ainsi est la sanction de la Rose. Nous ressortirons ensemble demain matin.
Sanaslaïr se saisit alors d’une dague et la lance. Celle-ci vient se planter juste à côté de la tête de la femme, au niveau de l’encadrement de la fenêtre.
- Si vous menez encore une quelconque action hostile à mon encontre, je vous tue.
Puis, sans un mot de plus, il se dirige vers la porte, l’ouvre doucement. La femme lui emboîte le pas. Ils descendent. Dans la salle à manger, il s’en va prendre une boisson au bar pendant que la femme part discuter avec un homme que l’assassin ne connait pas. Il grave son image dans son esprit et se jure de prochainement lui faire comprendre qui il a voulu tuer. La femme revient, le regard toujours haineux. Ils remontent dans la chambre.
Valyra se réveille. Elle a l’impression d’avoir chuté de plusieurs longueur de murs tant elle se sent endolori, faible. Elle tente de bouger ses membres : ils y parviennent difficilement. Puis elle se rappelle : il lui a parlé. Valyra est impressionné par cet homme : il se dégage de lui une puissance incroyable, un chagrin inconsolable, une fragilité obscure. Son histoire doit être terrible. Quel âge peut-il avoir ? Et puis il a parlé d’une autre personne. Elle. Ce doit être une femme. Pourquoi Valyra est attirée par cet homme ? Il l’a sauvée, et ce à deux reprises, peut-être plus. C’est largement suffisant comme explication. Elle tente de se mettre debout. Elle se trouve dans une caverne : elle doit être dans la forêt. Son père doit être dans tous ses états. Il a du prévenir le bourgmestre de sa disparition, surtout après l’attentat dont elle a été victime. Si elle a retrouvé l’inconnu, elle ne sait toujours pas qui en veut à sa vie. Elle regarde autour d’elle : aucune trace de sa présence. Elle s’étire : les forces lui reviennent. L’inconnu dispose de pouvoirs de guérison sans précédent. Il a fait également preuve de compétences télépathiques incroyables. Elle l’a également vu à l’œuvre avec une épée dans la main. Elle se rappelle alors la furie qui l’a saisi lorsqu’il a combattu les brigands. Qui est-il ? Lasse de se poser autant de questions n’ayant pour le moment aucune réponse, elle se décide à éclaircir la situation méthodiquement. L’homme semble désormais abordable : elle veut connaître son histoire. Elle verra par la suite à enquêter sur la personne qui lui est hostile. Dans l’absolue, et raisonnablement, elle devrait retourner en ville et rassurer son père. Mais d’une part cela pourrait lui servir qu’on la sache disparue, et puis Valyra se rend compte qu’elle vient de toucher une étoile et on n’en revient pas si aisément. La lumière est désormais devant, elle n’est plus derrière. Elle sursaute. Il vient d’apparaître dans l’entrée de la grotte. Elle lui sourit avant de constater qu’il porte désormais une terrible épée à son côté.
Discrètement, faisant taire toute forme de son dans l’atelier, il se penche sur l’enclume et commence à marteler le fer. Au bout d’une heure, il contemple son œuvre : c’est parfait. Avant que le fer n’ait complètement refroidi, il enchante l’arme afin d’en faire un instrument de mort et de terreur. Soudain Elle se manifeste. Elle se réveille et scrute. Elle a capté des pensées : Valyra serait-elle en danger ? Elle patiente, reste attentive. Il scrute à son tour : il perçoit des embryons de pensées. Il s’interroge : ces pensées ne sont pas celles de Valyra. Quelqu’un semble interagir avec lui, avec Elle. Il la questionne : Elle semble intriguée, curieuse. Elle voudrait aller vers la source mais ils doivent désormais quitter la forge. Il lui promet de trouver cette nouvelle source. De toute façon, cet événement mérite explication, tout comme il doit toujours tenter de comprendre l’affiliation entre Valyra et Elle. Mais ce nouvel événement le préoccupe : ces nouvelles pensées, il les a déjà rencontrées…
A suivre