L'hivers est mort et me printemps mourrant. L'été nous a ouvert les bras, apportant avec lui une chaleur adoucie par la proximité de la mer. La fête bat son plein sur la plage du village. Aelerogh et Sarff se sont mariés aujourd'hui. C'est un jour de réjouissances. Cependant les jeux et la dance ne sont plus de mon age. Je me suis donc éclipsé en début de soirée pour aller me coucher.
La nuit et son cortège de rêves m'auraient déjà emporté si la musique et les rires ne m'avaient pas tenu éveillé. Je me suis donc levé pour reprendre ma plume.
Avant l'épisode du Val, je séjournai quelques temps à l'académie de Tir Na Nog en l'absence de mon maître. On m'avait affecté une chambre que j'étais seul à occuper au fond du dortoir. Je n'avais pas vécu parmis mes semblables depuis des années et il m'était très dur de m'y habituer. J'affectais toujours un air froid et maussade qui dissuadait les autres étudiants de l'adresser la parole ce qui me convenait tout à fait. Blathnaid s'occupait personnellement de poursuivre ma formation et je ne partageais jamais les cours des autres élèves.
Le jour de l'épreuve on nous conduisit jusqu'à Druim Ligen, le fort frontière qui marquait la limite entre les terres du royaume et les zones de combat. Etaient présents des étudiants de toutes les académies d'Hibernia, Tir Na Nog biensur, mais aussi de Domnann, de Druim Caim, de Necht, de Connla, de Howth et d'Aalid Feie.
Nous nous rassemblâmes tous autour de Dame Glasny qui nous donna ses dernières instructions:
- Cette année, Midgar tient le fort, se sera à vous et à Albion d'attaquer. Combattez avec courage et honneur, partez et libérez Hibernia des barbares étrangers et des fous à jamais.
Il y eu une lumière aveuglante. Lorsque je repris mes esprits, nous nous trouvions tous dans un autre fort que je ne connaissais pas. Ils s'agissait du fort refuge de notre royaume, défendu par des magiciens vétérants et totalement imprenable par l'ennemi. Chaque camp possèdait un tel fort aux extrèmités du Val.
Un des gardiens vérifiait que nos armes n'étaient pas dangereuses avant de nous laisser sortir. Arrivé devant moi, il me regarda un moment dans les yeux avant de passer au suivant sans examiner mon matériel, j'en déduis que les consignes avaient été passées.
Les autres se rassemblèrent devant le fort, je profitais de ce moment de relative confusion pour m'ésclipser furtivement. Amargein m'avait appris que même sous un soleil d'été, un agent de l'ombre doit savoir se déplacer sans être vu de quiconque. La nuit dans les marais, ceci me semblait parfaitement naturel mais j'avais toujours douté de mes aptitudes le jour en plaine dégagée. L'absence totale de réaction de mes compagnons me fit vite comprendre que j'avais mésestimé mes capacités. J'étais bel et bien furtif et nul ne semblait avoir remarqué ma disparition.
Je gagnai rapidement le couvert des bois qui entouraient la première tour du fort: un simple avant poste où flottait la banière de Midgar mais, mis à part celà , qui semblait laissé à l'abandon. Je me perchai sur un arbre et attendis.
Les autres ne tardèrent pas à arriver. En ordre de marche serré et bien disciplinés compte tenu de leur age, ils étaient menés par un shar de stature assez impressionnante. Un fine lame, aux vues des deux glaives qui pendaient à sa ceinture. Son groupe et lui arboraient les couleurs de Tir Na Nog, j'en déduis qu'il était de ceux que je devais protéger. Avec une coordination surprenante et une rapidité tout à fait respectable, ils prirent place au tour du fortin et s'attaquèrent à la porte.
Celle-ci ne tarda pas à céder et ils s'engoufrèrent dans la poterne. Bientôt, l'étendart de Midgar fut abattu pour être remplacé par celui d'Hibernia. Même s'il ce n'était qu'une première étape, ce donjon, en plus de galvaniser le moral des troupes, consiturait un solide point de repli en cas de nécessité.
Je sautai de mon perchoir et poursuivis ma progression vers le fort proprement dit. Je compris aussitôt la stratègie des barbarres du nord. Abandonner les avant postes pour se concentrer sur la défense de la place forte. La silouette des mages et des archers se déssinait sur les remparts, augurant d'un âpre combat à venir.
Nul part je ne trouvais trace d'Albion, je décidai donc de ne pas trop m'éloigner.
Le bruit des trébuchets que l'on roulait jusqu'à la lisière des bois m'annonça l'arrivée du gros de la troupe. Je me laissai rattraper et me fondis dans la masse des combattant sans jamais m'éloigner de mes protégés. Catapultes en place, ils bombardèrent le mur.
Les cris de panique et l'agitation sur le chemin de ronde montraient que cette manoeuvre n'était pas attendue. Plusieurs Eldritch, Enchanteurs et rangers allaient même jusqu'au pied du rempart pour harceler l'adversaire de vagues de magie ou de fleches pour désorganiser totalement la défense.
Le groupe de Tir Na Nog ne s'égaillait pas. Le fine lame, debout devant les engins de siège, les bras croisés sur la poitrine, discutait avec un druide et une petite ranger lurikeen.
- Je sais que ça parait étrange, disait le druide.
- Non seulement étrange mais aussi impossible, répondait la ranger.
- Plus haut les trébuchets, aboya le fine lame, puis se tournant vers ses compagnons, je sais que tes rêves ne nous ont jamais trompé Sophen, mais mets toi à nos places, une armée d'elfe marchant sur Tir Na Nog et combattant les forces du Général Mac Nölm en plein coeur d'Hibernia, c'est assez dur à avaler.
- Je sais Korac, moi-même j'ai peine à y croire mais c'est pourtant ce que j'ai vu. Qu'en dis tu toi Zou? Zou? Mais où est elle?
Absorbés par leur conversation, ils n'avaient pas remarqué la lurikeen se fondre dans les ombres. Je la voyais se diriger vers un viking également dissimulé mais pas suffisemment pour moi, ni pour elle. Il ne sentit pas arriver la furie. Rélèvant sa présence, elle lui assèna un violent coup de pied dans le tibia, elle ne lui arrivait même pas à la ceinture. Déséquilibré, il fit un pas en arrière, elle en profita pour lui porter, d'un bond, un violent coup de casque dans les parties viriles de son anatomie.
- Aller oust! Du balai, pas beau! lui lança-t-elle avec un magnifique tiré de langue avant de rejoindre ses compagnons.
Dès cet instant, je sus qu'elle me plairait. L'assassin, plus meurtri dans son amour propre que dans sa chair, se releva comme il le put et se dirigea en boitant vers son fort refuge. A voir sa démarche, j'en avais mal pour lui. Le jeu, en ce qui le concernait, avait pris fin comme les règles l'exigeaient.
Le shar nommé Korac se mit à aboyer de plus belle, exortant ombres et rangers à plus de vigilence, il fallait protèger les servants de trébuchets sinon l'expédition tournerait très vite court. Feignant d'obéir, je me dissimulai à proximité d'une catapulte et de mes protégés.
Lorsque le mur s'éffondra dans un fracas assourdissant, Korac, lames au clair, mena la charge vers l'ouverture. La défense avait délaissé le rempart extérieur pour se retrancher dans le donjon. De la forêt, sortit un petit bélier qu'on achemina vers la porte. Le shar ainsi qu'un barde celte du nom de Mori y prirent place et commencèrent à tambouriner sur la porte. Les autres se déployèrent dans la cour. Pour ma part, je pris place au sommet une haute tour, où je pouvais avoir la cour et les environs du chateau à vue.
Il fallut toute la journée pour venir à bout du portail. Les barabarres firent preuve d'une imagination et d'un courrage débordant. Tentant sorties sur sortie, harcelant les servants de bélier depuis les meutrières, laissant tomber une pluie de débrits sur les assaillants et allant même jusqu'à sortir discrètement par la porte principale, à l'opposé de la brèche, pour revenir en une glorieuse charge par celle-ci.
Mais rien n'y fit. Korac, épaulé par Mori teint le bélier coute que coute. Zou, à la tête des autres archers, vida le toit de toute menace ennemie par un tir nourri et incessant. Sophen, reussit le tour de force de monter une infirmerie dans le pied de la tour où j'étais perché, permettant à moulte guerriers de ne pas finir hors jeu et ce sans une seule entorse à la règle.
Le groupe de Tir Na Nog comptait aussi dans ses rang, un animiste du nom de Trilden qui en compagne de ses paires, tissa une véritable barrière végétale en travers de la brèche du rempart. Leur empathe, une celte du nom de Tickel leur apporta un soutient magique des plus appréciable.
Il y avait aussi deux mages elfs parmis eux. Un Eldritch que je trouvais fort antipatique, du nom de Moko et une enchanteresse nommée Berthe. Soutenus des autres mages, il barrèrent la voie à quiconque se présentait aux meurtrières. Au couché du soleil, après un combat acharné, étage par étage, au sein du donjon. La banière de Midgar tombait et celle d'Hibernia claquait au vent.
Il fallait maintenant tenir le fort trois jours durant. On répara la brèche et on mis en place la défense. Korac, une fois de plus, dirigeait tout de mains de maitre. J'en profitai pour faire un tour autour du fort. Et c'est au sommet d'une colline, leur silouettes se détachant sur le soleil couchant, que je les vis arriver. Une armée de chevaliers aux armures brillantes. Ils étaient nombreux, très nombreux. Et ils allaient attaquer sans laisser un instant de repos aux défenseurs.
Alors que je retournais d'un pas rapide vers la place forte, la pluie commença à tomber. La nuit allait être longue.