<assist au pied d'un arbre, Johnn raconte une histoire singuliaire à Karolis>
Deux sœurs, deux êtres du même sang et peu être une seule âme. Mon passé remonte loin, si loin que je ne sais quand à débuté nos vies. La magie régnait sur notre monde et nous faisions partie d’elle. Je me souviens des promenades le printemps venu, au milieu des champs, au milieu des forêts traversée par les rayons de lumière d’un soleil brillant. Je me souviens des arbres aux blanches fleurs immaculées, des couleurs vives, du calme et de la paix. Je me souviens de la plénitude, de la douceur du vent, de la force immuable de la terre. Je me souviens des racines plongeants dans la terre comme reliées à son cœur. Je me souviens enfin de nous, elle et moi uni et séparée.
Le temps avait glissé, nous avions emporté un morceau d’enfance dans nos vies de femmes. Je crois que nous étions belles à défaut d’être sages. Nous étions pourtant comme le printemps, traversant notre saison. C’est nos rires qui résonnaient dans la maison. C’est les courses folles à travers les vastes prairies, les galops furieux, les traversées hasardeuses de rivières tourbillonnantes qui nous donnaient notre souffle. Nous étions deux et pourtant, nous étions seules. Parce qu’il arrive un âge ou avoir une sœur ne suffit plus, la mienne se mis en quête de ce qu’elle n’avait pas : un amoureux. Pour se livrer à se jeu ridicule, elle me volait une partie de ce temps qui m’appartenait. Pour la première fois, nous étions deux et nous étions séparées.
Ce qu’elle cherchait, elle le trouva. Comment ne pas trouver lorsque l’on cherche ardemment. Comment prendre assez de recule pour voir que ce que l’on a trouvé n’est pas ce que l’on cherche. Elle n’avait d’yeux que pour lui. Nous étions deux et je n’existais plus.
J’aurais voulu me tromper, j’aurais aimé avoir tord, mais je n’avais rien d’autre que la vérité et aucune envie de la travestir. Peu être étais je jalouse, peu être étais je furieuse, peu être étais je trop seule. Je décidais de lui dire ce qui me sautais aux yeux et assombrissait mon cœur. Nous étions deux, l’une face à l’autre.
Elle refusa de me croire, elle n’écouta pas ma voix. Elle jeta sur moi la colère de son esprit alors que le reste restait sourd. Elle me mit au défi et j’y répondis pour faire taire ma souffrance. Les rires n’étaient plus. Nous étions deux, l’un à côté de l’autre.
Elle affronta mon épreuve et en paya le prix. Devant l’esprit pur de l’ondine, l’homme fut démasqué. De son peu de sentiment son éclat terni. Sa beauté d’entant s’en était flétrie. Ma sœur et moi désunie. Alors que je restais belle, elle était devenue laide, si laide qu’elle s’enfuit ne pouvant cacher son apparence repoussante. La belle devenue bête. Nous étions deux, l’une jolie, l’autre flétrie.
Plus jamais nous ne pourrions être sœur, comment accepter et vouloir partager devant tant de répugnance. Et je m’en fût seule, la plus belle des fleurs.
A suivre
Jhonn Wood, chasseur d'étoiles