par Ketig » Jeu 20 Déc 2007, 22:40
Article 2 : Avis d'épidémie
L'avis suivant revêt un caractère d'urgence sanitaire et se doit par conséquent d'être traité avec le plus grand sérieux.
Suite à des erreurs de manipulation dans certains laboratoires imputées à quelques étudiants trop peu gâtés par le Grand Esprit, un miasme d'un type nouveau a commencé à se répandre en silence parmi les bancs de l'Epfl et ce, via les transferts de fluides du système d'aération des auditoires.
Signes précurseurs
Dans un premier temps, les malades subissent les symptômes caractérisés d'une inflammation de la personnalité : excès de bile noire, vomissements d'encre, irritabilité, déprime lugubre et déficience marquée de la troisième vertue ordinaire.
La taille de la cervelle du sujet contaminé diminue progressivement, les neurones se trouvant graduellement asphyxiés par les substances froide des vapeurs morbides. Nos iatromathématiciens ont par ailleurs calculé la survenance de deux pics très propices à l'initiation de la maladie, soit l'un en janvier et l'autre en juin, suite à une conjoncture très défavorable entre Saturne ascendante et Vénus tourbillonnante. A ces moments, la médecine, dans sa grande prudence, vous recommande d'éviter autant que possible l'Epfl et ses environs.
Symptômes avancés
Le second stade voit apparaître des obsessions, hallucinations et autres troubles de la première vertu ordinaire. Le sujet parle beaucoup, mais conserve la langue froide et humide. Ses intérêts de conversation n'évoluent pas, comme pétrifiés. Nos iatromathématiciens ont ainsi observé très nettement la formation d'un petit groupe de natifs de la Lune se prenant pour des poulpes en terre cuite, en raison, écrivent-ils, de la correspondance entre le caractère mou de la planète et celui, fou et subtil, de l'animal. L'ingestion de décoctions de ventouses et des prières à heures fixes permettent de temps à autre de modérer cette hyperlalie et de soulager par ce biais la famille du malade. Il est très fortement déconseillé de pratiquer la saignée, la complexion des humeurs s'avérant déjà notablement déséquilibrée par un déficit de sang.
Jusqu'à ce point de l'évolution, la possibilité d'une rémission subsite encore, à condition que le sujet se hâte d'ingurgiter au moins trois libres de poulpes quotidiennes, par voie optique. Ce traitement est le seul connu. Par conséquent, il est d'extrême importance de l'appliquer avec vigueur sitôt le diagnostic établi.
Phase terminale
Enfin, durant le stade final, le malade, par quelque conscience supra-céleste de son état gravissime, se voit frappé d'une profonde misanthropie. Celui-ci s'isole tant que faire se peut, dépense peu, recherche naturellement la compagnie de la cellulose ou des cristaux liquides et, dans un élan quasi délirant et suicidaire, tente d'achever ses dernières cellules encéphaliques par une surcharge d'intelligence. Il se plonge dans d'abscons opuscules traitant de sujets comme la mécaniques quantique, l'algorithmique avancée ou encore la chimie des polymères. La face blanchit, se fait crayeuse, les traits du front se plissent, les oreilles s'allongent. Il n'est alors plus d'autre espoir que la mort. Misérables et malchanceux, ces êtres sont alors pris en charge par notre bienveillante mère Epfl, qui charge ses iatromathématiciens éclairés de les faire périr, tous ensemble, sans douleur, par un ultime choc psychoastral dans des pièces insonorisées malencontreusement nommées "salles d'examen". Ce douloureux sacrifice permet, lorsque les orbites de Mars résonnent avec la Terre, d'enrayer - temporairement du mois - la flambée épidémique.
En attendant que la médecine ne fasse de progrès, chacun est donc sommé de s'en tenir aux directives et conseil du présent avis, et de rester plus que jamais sur ses gardes : le mal rôde.